Le Mois du Doc démarre ce mercredi et quoi de mieux que de s’initier au cinéma documentaire par la pratique ? C’est ce que propose l’Union Français du Film pour l’Enfance et la Jeunesse Bretagne avec 2 ateliers pour les enfants et Zoom Bretagne avec 2 ateliers pour les adultes. C’est à cette occasion que nous avons rencontré la réalisatrice Janis Aussel qui animera ces ateliers adultes.
Maxime Moriceau : Peux tu te présenter ? Quel est ton parcours ?
Janis Aussel : Je suis réalisatrice de films d’animation et je mène aussi des ateliers d’éducation à l’image auprès de différents publics. Je réalise donc mes courts métrages personnels mais aussi des films d’atelier en milieu scolaire ou associatif, en France et à l’étranger.
J’utilise des techniques d’animation artisanale, comme le papier découpé que j’anime sur banc-titre¹ image par image. Mon approche est d’abord plastique, la présence de la peinture et de la matière est très importante dans mes films. Après un bac arts-appliqués à l’École Estienne de Paris, j’ai passé un DMA² en cinéma d’animation, puis j’ai travaillé les techniques d’animation aux Gobelins et l’écriture et la réalisation à l’École de la Poudrière. Ce sont des formations très complémentaires entre technique et artistique !
J’ai réalisé un premier documentaire animé en 2018, "Emilien" pour le concours des Espoirs de l’animation, et ce film m’a donné envie de continuer à mêler l’approche documentaire et le cinéma d’animation. Je me suis intéressée aux troubles du sommeil dans mon film Nuits Blanches, de nouveau sous le forme d’un documentaire animé. J’ai rencontré une dizaine de personnes qui m’ont parlé de leurs émotions et de leurs ressentis face à ces troubles. Dans tout ce que je voyais et lisais sur ce sujet, je trouvais beaucoup d’explications très médicalisées et je voulais proposer quelque chose de plus nuancé et subjectif qui puisse parler à des gens parfois en errance médicale. Je cherchais à enregistrer des expériences personnelles. Ce qui se dégage de ce genre de problèmes, c’est la solitude, l’isolement des personnes qui dorment peu ou mal, leur incompréhension face à ce qui leur arrive. Je voulais faire entrer en communication les récits de ces différentes personnes. Je voulais aussi que l’animation permette d’apporter des images et des matières sur des choses de l’ordre du ressenti et de l’inconnu.
M.M : Qu’est ce qui t’intéresse dans ces récits et comment travailles-tu ?
J.A : Je dirais que ce qui m’intéresse, c’est les humains, la complexité humaine, ce qui se passe pour les gens et comment chacun.e vit ses différences, j’aime donner à entendre des paroles personnelles. Dans ce processus de documentaire animé, une fois que j’ai enregistré le son, je commence à penser aux couleurs du film. Je choisis une certaine palette de couleurs avant de commencer à dessiner et à structurer l’animation. La couleur est très importante dans mes films.
M.M : Comment as-tu imaginé ces ateliers pour le Mois du Doc ?
J.A : Nous allons commencer par regarder de court-métrages de documentaires animés qui traitent de sujets intimes et de questionnements adultes. Le but est de voir comment le documentaire animé permet de traiter ces sujets et de donner corps à des pensées ou à des concepts plus abstraits.
À l’issue de la projection je vais proposer une discussion collective sur les thématiques abordées. On choisira ensuite un sujet sur lequel on pourra enregistrer des témoignages selon les envies du groupe. L’idée est de découvrir et d’expérimenter ensemble le dispositif d’enregistrement documentaire. En parallèle les participant.es de l’atelier pourront découvrir la technique du papier découpé et expérimenter l’animation image par image, à travers la création d’images découpées et collées.
Tout au long du mois de novembre, je vais mener ces ateliers dans différents lieux de Bretagne. A l’issue de cette tournée, je vais réaliser un montage des séquences tournées qui permettra de garder une trace de ces différentes expérimentations. Avec Zoom Bretagne et avec l’accord des personnes participant.es à l’atelier, nous mettrons en ligne le résultat de ce travail collectif !
M.M : A qui s’adresse ces ateliers ?
J.A : Ils s’adressent avant tout à un public adulte curieux de découvrir des techniques d’animation et de prise de son. Il n’est pas nécessaire d’avoir des compétences en dessin pour y participer. Une simple envie de faire et de partager un moment autour d’une pratique créative suffit !
M.M : En attendant de découvrir le résultat de ces ateliers, n’hésitez pas à vous inscrire auprès de l’espace Kdoret le 4 nov et du P’tit Bar du Contrevent le 5 nov à 14h samedi et dimanche.
¹ Banc-titre : Dispositif constitué d’une caméra fixe et d’un plateau sur lequel on dispose les documents plans à filmer (pantins articulés, décors, dessins, photos)
² DMA : Diplôme des métiers d’arts