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Un café avec Gaëlle Douël réalisatrice et scénariste à Mellionnec

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Le partage et la transmission comme valeurs fondatrices de l’association Ty films.

« Tout est parti du simple désir de montrer à d’autres les films qui nous touchaient » . C’est ainsi que sont nées il y a dix ans les Rencontres du film documentaire de Mellionnec, dont Gaëlle Douël et Jean-Jacques Rault sont les co-fondateurs. Pour Gaëlle, c’est dans ce même élan de partage, relayé par les partenaires de l’association, ses salariés et ses bénévoles, qu’ont vu le jour les actions d’éducation à l’image, menées depuis 7 ans par l’association.

Yves Mimaut : « L’éducation à l’image » est une formule finalement assez floue, à quoi fait-elle référence pour toi ?

Gaëlle Douël : En ce qui me concerne, il s’agit d’abord d’un plaisir personnel de transmission. Je suis réalisatrice et j’aime faire partager aux autres ma pratique, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, de professionnels ou de non professionnels. L’enjeu est pour moi double : il s’agit d’une part de permettre à celles et ceux qui consomment au quotidien des images d’aiguiser leur regard, de développer un sens critique ; et d’autre part d’encourager la fabrication de films, qui idéalement rendraient compte de la complexité du réel, véhiculeraient un certain nombre de valeurs, élargiraient notre champ de conscience. Je suis aussi attachée à ce que chaque fabricant de films, affirme son regard, sa subjectivité. C’est un moyen d’expression que nous voulons accessible à tous ceux qui souhaitent s’en emparer.

YM : Justement, quel public a jusque-là profité des ateliers d’éducation à l’image animés par Ty films ?

GD : Nous nous sommes d’abord adressés à des jeunes d’une MJC de Loudéac, auprès desquels je suis intervenue pendant 4 ans. Il s’agissait d’ateliers de réalisation que nous proposions pendant les vacances scolaires.
Puis nous avons voulu nous inscrire davantage dans la durée avec notre public et prendre une place au sein même de l’institution scolaire. Depuis 2013 j’accompagne donc des artistes cinéastes en résidence, qui séjournent 5 semaines dans des lycées. L’enjeu est pour ces réalisateurs, en l’occurrence des réalisatrices, de profiter de cette résidence pour avancer sur leurs travaux et d’animer des ateliers de fabrication de films avec une ou plusieurs classes de l’établissement. Hélène Milano, qui avait notamment réalisé un documentaire sur la féminité dans les cités fût la première à tenter l’expérience. Elle est intervenue au lycée d’enseignement professionnel de Rostrenen auprès de 4 groupes d’élèves. La rencontre entre la cinéaste et les élèves a permis à beaucoup d’entre eux d’aborder des sujets sensibles, parfois intimes, par le prisme du documentaire de création. Je me souviens notamment d’un groupe de garçons qui avaient réalisé avec beaucoup d’auto-dérision un film sur la virilité.
L’année suivante, c’était au tour de Séverine Vermersch, réalisatrice de fictions et de documentaires, de se prêter à l’exercice. Cette fois-ci c’était au lycée agricole de Gourin. Lors de sa résidence, Séverine a encouragé, par le biais de la caméra, la rencontre entre des élèves d’une section « Agro- équipement » et des élèves qui se formaient aux « Services à la personne et au territoire ». Principalement des garçons d’un côté, et des filles de l’autre. 6 portraits ont été ainsi réalisés d’une classe par l’autre. Des ponts se sont ainsi créés entre les élèves, qui ont appris à se connaître, et qui ont découvert les métiers auxquels se destinaient les uns et les autres.
Il nous paraît intéressant de travailler avec des élèves de lycées professionnels. La fabrication de films a un côté artisanal dans lequel ils peuvent s’épanouir rapidement. Ce n’est pas un domaine réservé, au contraire. Ils ont par leur savoir-faire des compétences dont ils peuvent se servir pour faire des films, alors que le discours dominant peut leur laisser entendre que ce n’est pas pour eux.
Cette année, nous interviendrons auprès d’adolescents en difficulté scolaire. C’est la réalisatrice Nathalie Marcault qui sera accueillie durant 5 semaines au Lycée Paul Sérusier de Carhaix pour les accompagner.

Gaëlle Douël

YM : L’association n’intervient pas qu’auprès de lycéens. Ty films coordonne également des formations à la dramaturgie, à l’adresse cette fois de professionnels. S’agit-il pour toi d’éducation à l’image ?

GD : Même si l’approche et le contenu de notre formation est différent de celui proposé aux élèves, il s’agit d’une même dynamique d’accompagnement et de transmission. Pour la formation « dramaturgie et documentaire », que nous avons ouvert en 2011, une dizaine de réalisateurs s’installe durant 3 sessions d’une semaine à Mellionnec, pour travailler à l’écriture de leur projet documentaire. Notre tache, à nous formateurs, est de les aider à « aller chercher leur film » et de leur donner des outils dramaturgiques pour en faire récit. Personnellement, je prends beaucoup de plaisir à aiguiller les auteurs, et c’est une vraie satisfaction lorsqu’ils parviennent à trouver le chemin de leur film, son histoire.

YM : Comment se construisent les projets d’éducation à l’image au sein de l’association, et y a-t-il de nouvelles missions à venir ?

GD : Nous sommes un petit groupe de bénévoles à travailler à l’élaboration et à la faisabilité de nos ateliers d’éducation à l’image. Cette année, en sus de la résidence d’artistes, nous proposons pour la première fois un stage à des jeunes de 12 à 17 ans habitant en Centre-Bretagne. Il se déroulera à Mellionnec pendant les vacances de la Toussaint. Ils réaliseront des petits films et participeront entre autres à la programmation du « Jour le plus court », une journée de diffusion consacrée au court métrage documentaire.

Yves Mimaut, 18/02/2016