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Un café avec Claude Hirsch réalisateur de « Les coriaces sans les voraces »

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À l’occasion du Mois du film documentaire, Claude Hirsch nous parle de sa rencontre avec les coriaces de Géménos.

Maxime Moriceau : Comment as-tu rencontré les ouvriers d’Unilever, l’usine de Géménos ?

Claude Hirsch : J’habite à Marseille depuis un certain temps maintenant et je suivais leur mouvement dans les médias. C’était en 2010, ils manifestaient car la direction voulait diminuer les salaires. Je suis allé les voir pour organiser une projection de mon film « La tôle et la peau – Dire l’usine » que j’avais réalisé avec des ouvriers qui racontaient leur condition face caméra. On va dire que ce n’était pas le moment pour eux d’organiser ce genre d’évènement, ce n’était pas dans leurs habitudes. Ce n’est que plus tard, quand ils ont cherché à faire un film sur leur mouvement qu’ils ont contacté la productrice Laurence Ansquer de Tita Production. Elle a tout de suite pensé à moi et c’est comme ça qu’est né mon premier film avec eux : « Pot de thé contre pot de fer ».

Claude Hirsch

M.M : Cela fait donc presque huit ans que tu suis l’aventure de SCOP TI. Qu’est ce qui t’a poussé à mener ce travail au long court ?

C.H : Au départ, il n’était pas encore question de reprise de leur outil de travail. Je filmais une grève dans une usine comme tant d’autres car je m’intéresse à la condition ouvrière et à sa représentation actuelle. Dès la fin de ce premier film, il a commencé à être question d’une reprise mais il y avait plusieurs pistes dont celle de trouver un repreneur et rien n’avait encore été décidé. J’ai voulu continuer à filmer ce questionnement que retrace le second volet : 1336 jours, des hauts, débats mais debout. C’était en 2015 et ils commençaient à être pas mal sollicités par d’autres réalisateurs qui voulaient eux aussi filmer ce mouvement. Ça a été un peu plus compliqué de tourner alors qu’au début, j’étais presque le seul à m’y intéresser.

M.M : À la fin de ce film, on a l’impression qu’ils ont gagné, une sorte de happy end. Qu’apprend-t-on avec ce dernier volet ?

C.H : J’avais envie de conclure ce cycle en montrant concrètement ce qu’implique une reprise d’entreprise. La victoire n’est pas acquise, c’est un combat quotidien pour trouver l’équilibre économique et maintenir les emplois. Il y avait plusieurs orientations au départ. Certains prenaient le parti de trouver un repreneur pour éviter la SCOP. Un autre voulait créer un SCOP « viable » à 15 associés puis embaucher progressivement les autres une fois l’activité relancée. Mais personne ne s’est résolu à constituer ce groupe de 15. Il y a eu alors un troisième parti, celui de garder tout le monde. Aujourd’hui, ils ne sont toujours pas arrivés à l’équilibre économique. Ils ont lancé leur marque mais le chemin est long jusqu’au consommateur et leurs ventes ne couvrent pas encore leurs coûts sur l’année.

M.M : L’aventure n’est donc pas terminée. Songes-tu à lui donner une suite ?

C.H : Je pense que je vais travailler sur d’autres projets mais je continue à soutenir leur cause. Durant toute la tournée mise en place avec la MGEN et le pôle de développement RICH’ESS, je me déplace avec les produits de la coopérative et en assure la vente après chaque séance. Si le film peut aider à faire connaître leur histoire et donner envie aux gens de les soutenir, c’est formidable.
Le film sera diffusé au cinéma Club 6 de Saint Brieuc ce lundi à 20h15 en présence du réalisateur qui poursuit sa tournée à travers la France. Toutes les séances du film sont à retrouver sur le site asspolart.com

Maxime Moriceau, le 4/11/2018

Image du film de Claude Hirsch "Les coriaces sans les voraces".