Pause doc

Un café avec Lætitia Gaudin Le Puill

Publié le

C’est avec une joie non dissimulée que nous retrouvons Lætitia Gaudin Le Puil qui nous avions rencontré dans un précédent Mois du Doc avec son film Bienvenue mister Chang. Son dernier film Le Prélude d’Adrian suit le parcours du jeune et talentueux pianiste Adrian Herpe.

Maxime Moriceau : On sent une grand proximité entre toi et tes personnages, comment les as tu rencontrés ?
Lætitia Gaudin Le Pull : Adrian est mon cousin germain. De retour d’un reportage en Ukraine, je cherchais un nouveau sujet de film. Je suis tombée sur une vidéo postée par mon oncle sur Facebook. On y voyait Adrian en train de préparer un concert à Uzhhorod. Il avait commencé le piano très tôt et lorsque je le filme, à l’âge de 17 ans, il était évident qu’il deviendrait pianiste. Ce qui m’intéressait c’était de suivre son parcours en tant que fils d’un paysan et d’une mère au foyer. Il y a toujours ce questionnement dans mes films sur les déterminismes sociaux. Pour ce film, disons que j’avais le matériaux à disposition !

M.M : Comment Adrian a t il accepté la présence de la caméra ?
L.G.L.P : Disons qu’Adrian est très à l’aise lorsqu’il joue en public. Il adore la scène et soigne son image donc la présence de la caméra ne lui posait pas spécialement de problème mais il restait souvent dans le contrôle de ce qu’il pouvait dire dans le film. Malgré tout il nous a laissé le suivre dans toutes étapes assez cruciales dans sa vie.

M.M : Bien que tourné avant le début de la guerre, ton film sort à un moment où l’Ukraine est sur tous les écrans. Est ce que lorsque tu tournais, il y avait des signes de ce qui allait arriver ?
L.G.L.P : Oui on voit dans certains dialogues du film qu’il y avait déjà les germes du conflit avec les discussions sur l’augmentation des prix du gaz et sur l’inflation. Je trouvais ça intéressant aussi de filmer des adolescents qui se construisent dans un pays en résistance. Adrian avait très envie d’aller vers l’ouest et sa sœur aussi. Elle venait d’entrée à l’université de Kiev et tout s’est arrêté. A Odessa par exemple, l’opéra a réouvert parce que la vie a repris le dessus !

M.M : As tu envie de faire d’autre portraits dans cette famille ?
L.G.L.P : J’aurais presque envie de faire un film sur chacun d’entre eux et elles. Axelle par exemple est aussi passionnante. C’est une jeune fille brillante qui cherche sa place, privée d’université à Kyiv à cause de la guerre. Ce qui me passionne, c’est la porte d’entrée vers l’art que mon oncle leur ouvre alors qu’il ne vient pas de ce milieu même s’il s’intéresse, de fait, à la musique classique. Et puis toujours, ces histoires singulières qui racontent des choses universelles.

Retrouvez la réalisatrice en tournée en Côtes d’Armor le 17 Nov à St Brieuc, le 18 à Binic-Etables sur Mer et le 26 à St Julien.